samedi 13 mars 2010

Truc à ne pas mettre entre toutes les mains

Ou entre tous les yeux, ce serait plus correct : Shutter Island. Ce thriller psychologique, je n'aurais pas dû le voir en tous cas, il jouait avec mes peurs les plus profondes: : les hallucination, la schizophrénie, le fait de confondre la réalité et le délire. Cela dit, si vous avez le courage pour le supporter, c'est un très bon film, où Di Caprio est très convainquant...ce qui ne le rend que plus efficace et angoissant. J'aurais pas dû le voir; j'y suis allée parce que la séance pour les chèvres du pentagone était déjà commencée et je savais qu'il s'agissait d'un thriller, mais pas de quel genre et avec quels thèmes. J'aurais dû m'abstenir.
Le lendemain, c'était le début de la nouvelle boutique totalement rénovée. Elle est jolie mais elle a un peu la forme d'un couloir large (jeudi je passe une IRM cérébrale, ça me faisait penser au tunnel de l'appareil), aucun angle mort ni poteau pour se cacher un peu quand on n'est pas rassurée (et on est un peu les uns sur les autres quand il y a du monde), avec au milieu le bureau des caisses faisant fasse à l'entrée et le bureau des paquets cadeaux faisant fasse au fond. Du coup, quand j'étais aux bureau pour faire des compositions cadeau pour Pâques, je n'avais aucune visibilité sur qui pouvait arriver. Je n'arrêtais pas de penser à 1984, je crois,  au passage où il s'agit d'un couloir d'où la balle pourrait partir n'importe quand, sans qu'on puisse savoir quand et où, du coup je me sentais très exposée. En plus, j'avais à utiliser un cutter, ce qui correspond à un cauchemar éveillé où j'ai une hallucination dans la boutique, justement, et où je finis par m'ouvrir les veines, faute de pouvoir fuir.
Bref, j'ai tenu 3h jusqu'à ma pause et après j'ai explosé dans la réserve encombrée de cartons par le déménagement; mes collègues ont été plus que bien, m'emmenant prendre un café et marcher dehors. J'ai téléphoné au psy, il m'a rajouté une séance pour vendredi où je me suis réveillée à 14h avec comme une gueule de bois mais où j'ai pu m'épancher un peu, et je suis arrêtée jusqu'à vendredi prochain, date o je reprends le boulot.
Ce qui m'a miné, c'est la réaction de mes parents. Oh, ils me soutiennent bien, mais j'ai appris qu'ils ne croient pas vraiment à mes hallucinations, pour eux ce sont juste "des trucs que je crois voir du coin de l'oeil" et ils pensent que mon hospitalisation en Août a été désastreuse et que je devait changer de thérapeute. Je pense que c'est une façon de se protéger, mais ça m'a fait du mal, comme s'ils niaient une partie de moi. Et puis je pense que j'ai quand même pas mal remonté la pente grâce à mon psy, même si je suis plus réservée sur le séjour en clinique, il a eu ses bons effets, je suis restée stable 4 mois dont les mois des Fêtes, les plus durs dans mon métier. Donc je ne pense pas changer.
Seulement, j'aimerais être capable de faire mon boulot sans périodiquement piquer ma crise, c'est tout.

7 commentaires:

Sev a dit…

J'ai beaucoup aimé ce film mais je comprend parfaitement ton commentaire compte tenu de ta fragilité. J'imagine que la réaction de tes parents est lié à une envie de se protéger et de te protéger aussi même si c'est dur à vivre pour toi.
J'espère sincèrement que tu vas continuer à progresser avec ton psy.

cynalune a dit…

Sev, ce film est bon...s'il ne l'était pas, il n'aurait pas eu autant d'impact sur moi! MAis je l'ai vu au mauvais moment.
Quant à mes parents, j'espère que tu as raison.

Adrika a dit…

Je n'ai pas vu le film, mais parfois il y a des moments où on est bien plus sensible aux choses... je crois aussi que tes parents se protègent et te protègent car ils veulent être là pour toi... l'abstrait peut faire peur... Bon courage

startare a dit…

Courage et ne désespère pas: tes parents finiront peut-être par "ouvrir les yeux"; tu as eu le bon réflexe pour te protéger. Si tu te stabilises sur des périodes aussi longues, c'est que la thérapie est efficace.

Juliette Poupart a dit…

Tu progresse c'est evident.
Bon courage
Juliette

Emmanuelle a dit…

Pendant longtemps on ne parlait pas des cancers c'était considéré comme des maladies honteuses. Aujourd'hui on en parle. Pour les maladies mentales c'est encore très difficile à appréhender, c'est une abstraction compliquée. Cela fait peur. Rien que pour une dépression on entend des choses à coté de la plaque du genre "y'a qu'à se bouger" alors pour qq choses qui a trait à la schizophrénie... Je crois que c'est un réflexe de défense de la part de tes parents, à la fois pour se protéger eux et -peut-être- pour te rassurer. Comme quand on dit à un enfant "c'est rien, je vais souffler dessus et tu n'auras plus mal".

Emmanuelle

cynalune a dit…

Merci;ça m'a fait du bien. J'ai bien réfléchi avant de poser ma réponse, mais je ne vois rien d'autre que merci, en bloc.